Ecrire dans le temps : tout s’écoule, tout s’écoule

Ces deux installations, une microscopique, une monumentale ont pour origine un aphorisme d’Héraclite. Toutes deux se situent dans une relation directe aux phénomènes extérieurs (vent, climat, soleil). La micro installation utilise comme support un miroir dans lequel se reflète le paysage environnant. L’œuvre est un film d’animation construit à partir de plans fixes, en écho aux débuts du cinéma, sur fond musical de tango argentin. Je joue avec des petits animaux en plastique qui dansent parmi quelques micro-briques noires, animées elles aussi. Petit-à-petit, la phrase « Tout s’écoule » devient lisible puis, à rebours, elle s’efface progressivement.  Quant à l’installation monumentale, elle s’inscrit dans un site patrimonial, une ancienne abbaye cistercienne près de Quincy, à l’invitation du centre d’art de l’Yonne. À trois reprises, je suis venu déplacer les parpaings en béton juxtaposés pour former la phrase en creux, à même la terre. Les marques sont le résultat du contact prolongé des parpaings sur la pelouse, empêchant ainsi l’herbe de pousser. En discutant avec les propriétaires, j’ai appris que les moines qui vivaient là se nourrissaient des poissons élevés dans les eaux devenues souterraines.

Créer l’atelier « Résidents », pôle de recherche « contrat social » à l’Isba

En tant qu’enseignants à l’Institut Supérieur des Beaux-Arts, avec Géraldine Pastor-Lloret, nous avons créé l’atelier « Résidents ». Pendant dix ans, nous avons prospecté pour développer des partenariats avec de nombreuses entreprises publiques et privées de la région proche de Besançon. À la manière d’anthropologues, nous avons mené des enquêtes pour observer, récolter et restituer la vie des entreprises à travers le regard et la perception des étudiant-es. Parmi ces dernières : la papeterie Zuber Rieder, la Caisse Primaire d’Assurance Maladie, Mignotgraphie, le Haras National, la bibliothèque d’étude et de conservation, l’hôpital Saint-Jacques ou la Rhodiaceta. Pour notre dernier atelier, à Palinges, en 2017-2018, nous avons sollicité Thierry Bonnot, chercheur au CNRS, qui nous fait rencontrer Denis Trontin ; héritier d’un fabricant de petits récipients en céramique dont l’activité s’est achevée en 1984 mais dont le bâtiment est toujours debout. Denis s’est révélé être un conteur extraordinaire de l’histoire de l’entreprise lors des différentes séquences de travail sur site. Puis, toujours par l’entremise de Thierry Bonnot, nous avons organisé un workshop, une résidence pour 12 étudiant-es au sein d’une entreprise toujours en activité : Terres Cuites de Bourgogne.

D’autres sculptures en terre cuite