Ecrire dans le temps : tout s’écoule, tout s’écoule

Ces deux installations, une microscopique, une monumentale ont pour origine un aphorisme d’Héraclite. Toutes deux se situent dans une relation directe aux phénomènes extérieurs (vent, climat, soleil). La micro installation utilise comme support un miroir dans lequel se reflète le paysage environnant. L’œuvre est un film d’animation construit à partir de plans fixes, en écho aux débuts du cinéma, sur fond musical de tango argentin. Je joue avec des petits animaux en plastique qui dansent parmi quelques micro-briques noires, animées elles aussi. Petit-à-petit, la phrase « Tout s’écoule » devient lisible puis, à rebours, elle s’efface progressivement.  Quant à l’installation monumentale, elle s’inscrit dans un site patrimonial, une ancienne abbaye cistercienne près de Quincy, à l’invitation du centre d’art de l’Yonne. À trois reprises, je suis venu déplacer les parpaings en béton juxtaposés pour former la phrase en creux, à même la terre. Les marques sont le résultat du contact prolongé des parpaings sur la pelouse, empêchant ainsi l’herbe de pousser. En discutant avec les propriétaires, j’ai appris que les moines qui vivaient là se nourrissaient des poissons élevés dans les eaux devenues souterraines.

Montevidéo : construire une architecture vulnérable

Dans mon apprentissage à l’école supérieure des beaux-arts de Dijon, j’ai beaucoup appris à travailler le plâtre, notamment pour réaliser des moulages. J’ai mis à profit cette expérience pour fabriquer les briques de la tour de Montevideo en Uruguay. Les trous qui composent la tour sont coniques, à l’image de la forme globale, elle aussi cône tronqué pour regarder le ciel depuis l’intérieur. Soumise aux intempéries pendant une année, cette architecture était donc programmée pour disparaître, dès sa conception. Un an après son installation, je l’ai déconstruite pour révéler une phrase encore visible aujourd’hui dans le parc du musée Blanès ; une citation d’Héraclite traduite en espagnol préalablement moulée dans les fondations en béton ; « chose commune que commencement et fin sur le circuit du cercle ». Parmi mes références, l’artiste allemand Jochen Gerz qui a réalisé des anti-monuments, lui aussi en utilisant la forme de la tour mais la sienne était de forme carrée, en béton, capitonnée de zinc pour permettre à chacun-e de la dédicacer («The Monument Against Fascism,»1986. Hamburg-Harburg ).

d’autres photos de sculptures en plâtre